- CONSERVATISME
- CONSERVATISMECONSERVATISMETerme formé à partir de celui de «conservateur», lequel désignait originellement un gardien des droits ou des privilèges, en un sens essentiellement juridique (ainsi, dans le titre de conservateur des hypothèques, des classes, des eaux et forêts). Le terme de conservateur prit une signification différente lorsqu’il s’appliqua non plus à une personne remplissant une fonction, mais à un parti: il devient alors un terme politique (les tories sont des conservateurs) mais se référant à la même idée, celle du maintien des droits et privilèges. Très tôt, il en vint tout naturellement à connoter le refus du renouvellement de la société, signification qui s’accentua d’autant plus que ce renouvellement s’annonçait comme plus proche et plus rapide: c’est, par exemple, en face de la montée de la tendance démocratique que l’esprit conservateur (la volonté de conserver l’Ancien Régime ou les privilèges de la noblesse) se précisa.Mais, au milieu du XIXe siècle, pour la grande majorité de la société occidentale, le terme de conservateur prit un sens nettement positif, du fait que le passé, la tradition, l’ordre ancien apparaissaient alors comme étant des valeurs à défendre. Le retournement s’effectua pendant la seconde moitié du XIXe siècle, les nouvelles valeurs devenant le progrès, l’avenir et, par conséquent, le changement. On pouvait encore, en 1900, considérer que le conservatisme était simplement l’opinion des membres du Parti conservateur. Mais, à partir de la transformation de l’échelle des valeurs dans la société, le conservatisme en vint à viser une réalité beaucoup plus large, d’autant que les partis politiques abandonnèrent tous, les uns après les autres, la dénomination de conservateur: lorsque la connotation devint globalement négative, aucun parti ne voulut plus d’une telle étiquette. Et c’est alors que le terme de conservatisme connaît sa plus grande extension: il désigne l’attitude mentale de ceux qui refusent le progrès et le changement social et caractérise un certain refus de l’histoire, la référence à des valeurs éternelles prises comme références immuables, la croyance en la pérennité des institutions, l’exigence d’un pouvoir politique qui ne soit pas soumis aux fluctuations de l’opinion.• 1851; de conservateur♦ Prise de position morale, intellectuelle des conservateurs, de ceux qui sont hostiles à une évolution. Conservatisme politique, social, religieux. ⇒ conformisme, traditionalisme. ⊗ CONTR. Progressisme.Synonymes :Contraires :conservatismen. m. Opinion, état d'esprit des conservateurs (sens 2). Ant. progressisme.⇒CONSERVATISME, subst. masc.A.— État d'esprit d'une personne qui s'oppose au changement dans le domaine de la vie matérielle ou morale. (Quasi-)synon. conformisme, traditionalisme. Si l'on vit, il faut consentir à voir tout changer autour de soi (...). Le conservatisme à outrance est aussi ridicule en art qu'en politique (A. FRANCE, La Vie littér., t. 4, 1892, p. 148) :• 1. ... l'argument de tous les conservatismes, se résume en deux mots : intégrité, continuité. Mais l'intégrité qu'il défend est l'intégrité de l'être révolu, et il la défend contre les promesses de l'être en devenir, c'est-à-dire précisément contre la seule continuité qui soit valable, la continuité créatrice...MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 422.B.— Spéc. Idéologie d'un parti conservateur (en particulier du parti conservateur anglais) :• 2. Le parti conservateur était riche; il comptait parmi ses adhérents des propriétaires de forêts, de châteaux, d'usines; il n'avait ni génie, ni doctrine. Peel parlait beaucoup de conservatisme, mais ne savait pas ce qu'il voulait conserver.MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 101.Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1851 (A. HERZEN, Du développement des idées révolutionnaires en Russie, p. 161 ds QUEM.). Dér. du rad. de conservateur; suff. -isme. Cf. le terme de pol. angl. conservatism « doctrine et politique du parti conservateur » attesté dep. 1835 (NED). Fréq. abs. littér. :21.
conservatisme [kɔ̃sɛʀvatism] n. m.ÉTYM. 1851, Herzen; de conservateur (politique).❖♦ Prise de position morale, intellectuelle des conservateurs, de ceux qui sont hostiles à une évolution; esprit conservateur. || Conservatisme politique, social, religieux. ⇒ Conformisme, traditionalisme.1 L'armature idéologique du maurrassisme, en s'effondrant d'un coup, a montré à tous les regards ce qu'elle dissimulait (…) un conservatisme buté au service d'intérêts avides, ligués contre l'État et qui, partout, et singulièrement en Afrique du Nord, calomnient la France et la défigurent.F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 188.2 Sous l'effet de la prolongation de la durée moyenne de vie, et aussi en raison du conservatisme naturel aux sociétés installées dans le confort, l'accession des jeunes aux responsabilités s'est trouvée progressivement ralentie, alors qu'il aurait fallu l'accélérer.❖CONTR. Progressisme.DÉR. Conservatiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.